Les figures illustres

Découvrez les portraits des personnages illustres qui ont jalonné l’histoire de Montluçon au fil des siècles.

Vous pouvez retrouver une fresque sur l’hôtel Neni (Doyenné) dans le vieux Montluçon qui reprend le portrait de toutes ces figures remarquables.

  • Louis II de Bourbon (1337 / 39 ? - 1410)

    Louis II de Bourbon est tout d’abord un enfant de la guerre. Il dit de lui même qu’il est né le 4 août 1337, mais en réalité probablement en août 1339, la guerre de cent ans a débuté deux ans auparavant (1337). Il côtoie durant toute son enfance et son adolescence cette longue période de guerres et d’épidémies qui le marque certainement profondément. 

    Son ancêtre le plus ancien est Aimard  »de Souvigny », souche de la famille de Bourbon, Saint-Louis (Louis IX) roi de France est son trisaïeul, il est prince de sang, fils de Pierre 1er Duc de Bourbon et d’Isabelle de Valois (mariage 1337) sœur du roi Philippe. Jeanne, sa sœur aînée, née en 1338, est l’épouse du roi Charles V. 

    Il fut élevé auprès des enfants du roi et des plus hautes personnalités du royaume depuis son plus jeune âge. Il étudie la philosophie, le latin et la rhétorique entre autres sciences, il devient donc un homme lettré, cultivé, aimable et curieux de tout. 

    Puissant personnage

    Duc vers l’âge de 18 ans, il devient un puissant personnage et il prend part à partir de 1359 à de nombreuses reprises aux conflits contre les Anglais qui n’en finissent jamais, notamment auprès de son ami chevalier Bertrand Du Guesclin. Il manie aussi bien l’arme que le sens de la stratégie militaire et il est à la fois brave et juste envers le camp vaincu. Il défendra également les intérêts et les habitants du duché du Bourbonnais avec ferveur.

    Il acquiert donc auprès de ses contemporains une aura certaine. Il est consulté de tous, Charles V, puis Charles VI et le comte de Poitiers, le sollicitent régulièrement ; on aime à l’avoir à ses côtés pour ses conseils avisés, son savoir-vivre et ses belles manières. Il est fidèle et loyal et sert la royauté comme nul autre mais n’oublie pas de sauvegarder son patrimoine foncier, de l’agrandir et de moderniser la gérance de celui-ci. 

    On lui accorde une confiance bien acquise et les plus grands de son époque lui confient des missions délicates qui parfois le mènent loin de ses terres et de son pays, jusqu’au bassin méditerranéen. En 1360, il devient otage,  »hôte » à Londres avec d’autres en échange de la paix entre l’Angleterre et la France et pour que le roi Jean recouvre sa liberté. 

    Il a l’esprit vif et moderne dans ses décisions et aussi à la fois chevaleresque ; c’est à son retour d’Angleterre en 1366 qu’il créé l’Ordre de chevalerie d’Espérance, inspiré des légendes Arthuriennes et de la table ronde. Il rallie tout d’abord la plupart des chevaliers du Bourbonnais puis plus largement dans le pays afin d’initier un ordre fédérateur et moral.

    En 1369-70, il parvient à fédérer une armée très importante afin de porter secours à sa mère retenue captive à Belleperche. La forteresse sera reprise aux anglais et sa mère ne sera libérée que plus tard.

    Un mariage arrangé

    Il se mariera tardivement âgé d’environ 32 ans, en août 1371, avec sa cousine Anne Dauphine d’Auvergne alors âgée de 12 ans, au terme d’une longue négociation débutée semble t-il en 1368. Louis II toujours en campagne pour le compte du roi, confie sa jeune princesse au bon soin de sa sœur, la reine Jeanne de Bourbon demeurant à Paris. Il faut attendre une dizaine d’années avant que naisse leur premier enfant. Anne est fille de Béraud II Dauphin d’Auvergne, comte de Clermont et ancien compagnon de  »captivité » de Louis II en Angleterre. Par ce mariage arrangé qui semble être également un mariage d’amour, Louis II agrandit ses possessions déjà imposantes avec le comté de Forez apportées par son alliance avec Anne.

    Protecteur de sa bonne ville et accomplisseur de grands travaux

    A Montluçon, il fait élever et relever les murailles protégeant ainsi sa bonne ville et château de Montluçon, où il séjourne assez régulièrement. 

    Ainsi, l’esplanade est chemisée et le château abrite le logis ducal ; d’imposants remparts pourvus de 41 tours entourent la cité du Mons Lucens pour sa défense avec 4 portes ouvrant sur les voies de communication et points cardinaux (Bourges & Moulins, Clermont, Val de Cher, les Marches) ; le système est complété de larges fossés alimentés par L’Amaron.

    Il confit à Pierre de Norry l’important chantier de construction du corps de logis principal, qui devient ainsi une véritable résidence princière dotée d’une tour carrée, un ensemble architectural des XIVe et XVe siècles que l’on peut admirer de nos jours. 

    Vers la fin de sa vie, Louis II s’emploie à embellir et moderniser notre ville. Il lance plusieurs autres chantiers. Il dote la ville d’une fontaine pérenne, probablement la première installation d’une horloge, initie la reconstruction de l’église Notre-Dame qu’il ne verra pas achevée car il meurt en son château de Montluçon en août 1410. 

    Il sera enseveli au prieuré Saint-Pierre et Saint-Paul à Souvigny, berceau familial des Bourbons, laissant derrière lui, à ses fils légitimes Jean et Louis la poursuite de ses nombreux chantiers.

    Considéré par ses contemporains comme l’incarnation du prince idéal, un modèle, il est surnommé  »le Bon Duc ».

    • Anne Dauphine d'Auvergne (1358 - 1417)

      Anne Dauphine d’Auvergne, née en 1358, est la fille de Béraud II d’Auvergne, dauphin d’Auvergne, et de Jeanne, comtesse de Forez. Elle meurt le 22 septembre 1417 à Cleppé (Loire) et inhumée dans la prieurale de Souvigny, près de Moulins (Allier), aux côtés de son époux Louis II de Bourbon.

      Anne Dauphine, promise tout d’abord à un destin modeste dans le minuscule Dauphiné d’Auvergne, fut comtesse de Forez par héritage et duchesse de Bourbon par mariage avec le duc Louis II de Bourbon.

      Une petite fille dans le Dauphiné d’Auvergne

      Dauphin/Dauphine : un titre et un prénom. Ce nom de Dauphine mérite quelques explications. Le père d’Anne Dauphine était le dauphin d’Auvergne. A l’origine Dauphin était un prénom, rare au Moyen Age. Il devint par l’usage, un titre de noblesse (comme comte ou duc) impliquant la possession d’un fief. Il était porté seulement dans le Viennois (les possessions du dauphin de Viennois ont donné la province du Dauphiné) et en Auvergne : les deux familles des dauphins de Viennois et d’Auvergne et la famille de Forez étaient issues de la famille d’Albon, portant un dauphin dans leurs armes. Les dauphins d’Auvergne et du Viennois avaient l’habitude de donner, en second prénom, le nom de Dauphin (ou Dauphine pour les filles) à tous leurs enfants. Anne Dauphine : ce sont les deux prénoms de la fille du dauphin d’Auvergne.

      Elle est l’unique enfant du couple Béraud II et de Jeanne de Forez. Sa mère, Jeanne de Forez, décède en 1359, laissant sa fille Anne Dauphine, à peine âgée d’un an. Elle fut sans doute, comme c’était l’usage, confiée à une nourrice. Elle passera son enfance à Vodable (63) dans un petit château fort au cœur de l’Auvergne… 

      Anne, l’héritière du comté de Forez

      Après son veuvage, son père Béraud II se remarie avec Marguerite de Sancerre qui lui donna huit enfants. Le fils aîné est le futur Béraud III, dauphin d’Auvergne. Anne Dauphine est donc élevée au sein d’une nombreuse fratrie dans laquelle elle occupe une place particulière, elle est l’aînée, demi-sœur de tous les autres frères et sœurs ; et surtout, à partir de 1368 (elle a dix ans), elle est de façon inattendue, l’héritière potentielle du comté de Forez. Béraud II avait, dès 1365, accepté de fiancer Anne Dauphine – elle n’était alors qu’une petite fille de sept ans – avec Jean d’Armagnac. Lorsqu’il apparut qu’Anne Dauphine devenait l’héritière probable du comté de Forez, il revint sur cette promesse pour envisager un mariage avec Louis II de Bourbon. 

      En 1367, Béraud II, dauphin d’Auvergne, s’était accordé avec son ami et compagnon de captivité le duc Louis II de Bourbon, né en 1337(39?), pour lui donner en mariage, malgré la différence d’âge, sa fille Anne Dauphine d’Auvergne, avec en perspective la promesse d’héritage qui devait lui revenir : le Forez, le Roannais et la seigneurie de Thiers. 

      Louis II de Bourbon avait été otage en Angleterre et ne retrouva le Bourbonnais qu’en 1368, lui imposant un long célibat. Jeanne de Bourbon, veuve de Guy VII, comtesse douairière de Forez, a sans doute poussé à ce mariage. Elle est à la fois la grand-mère d’Anne Dauphine et la tante du duc Louis II de Bourbon. 

      Le mariage de Louis II de Bourbon et d’Anne Dauphine d’Auvergne

      La promesse de mariage de Louis II et d’Anne Dauphine datait de juillet 1368. Mais la jeune fille n’avait alors que 10 ans. Le 19 août 1371, le mariage a lieu dans le Dauphiné d’Auvergne avec dispense pontificale. Louis II conduisit ensuite sa jeune épouse en Forez pour qu’elle fît connaissance de son comté qu’elle avait à peine vu trois ans auparavant, puis de là, gagna Moulins et ensuite Paris. 

      Comme Louis II était toujours en campagne, pendant les sept années qui suivirent, Anne Dauphine resta souvent à la Cour de France (au Louvre), près de sa belle-sœur, la reine Jeanne de Bourbon, femme de Charles V.

      La continuité dynastique est assurée

      Après dix ans de mariage, Anne Dauphine a enfin un héritier, Jean de Bourbon, né en 1381, comte de Clermont, devenu en 1410 le duc Jean Ier de Bourbon. Il est mort en captivité à Londres en 1434 après être resté prisonnier pendant 19 ans en Angleterre.

      Trois autres enfants naîtront : Louis de Bourbon, mort de maladie ; Catherine, morte en bas âge et enfin Isabelle de Bourbon qui souhaita ne pas se marier et resta avec sa mère jusqu’à la mort de celle-ci. Elle fut ensuite religieuse au monastère de Poissy. 

      De ces quatre enfants, Anne Dauphine n’eut de petits-enfants légitimes que de son fils aîné, le futur duc Jean Ier de Bourbon. Elle reporta son affection à Louis, comte de Bourbon-Montpensier et les bâtards de Louis II : Hector (né en 1391, mort à 23 ans, fut un grand capitaine), Perceval (1402, chevalier), Pierre (chevalier), Jacques devint religieux célestin et Jean gère la seigneurie de Thury donnée par son demi-frère le duc Jean Ier. 

      La vie quotidienne : entre Paris et le Bourbonnais

      La vie d’Anne Dauphine s’est partagée entre Paris et le Bourbonnais. A Paris, elle est à la Cour de France auprès du roi et de la reine sa belle-sœur. Le roi Charles V meurt en 1380. Les liens familiaux sont désormais distendus. Le royaume, avec la folie de Charles VI, entre dans une période de turbulences, bientôt de guerre civile. Anne Dauphine vient davantage en Bourbonnais résidant tantôt à Souvigny, tantôt à Moulins. 

      Anne Dauphine, duchesse de Bourbon ou l’apprentissage du pouvoir

      Anne Dauphine est d’abord duchesse de Bourbon. Elle est aux côtés du duc Louis II, son époux, lorsqu’il administre ses états. Mais comme son époux est souvent absent pour le service du roi, à la Cour ou surtout à la guerre, elle veille à la bonne marche du nouvel état bourbonnais. Apprentissage qui explique comme elle a pu administrer son comité du Forez après la mort de duc Louis II. 

      Le rôle diplomatique d’Anne Dauphine fut très important pendant la guerre de Cent ans. Elle mena sa propre politique, une « politique d’abstinences de guerre » : expression qui désigne, de façon éclairante, une politique de neutralité marquée par la conclusion de trêves successives. Le but d’Anne Dauphine était avant tout de protéger de la guerre les flancs du domaine bourbonnais tout entier en tenant le Forez et le Beaujolais à l’écart de la guerre.

      Le Forez a gardé le souvenir d’Anne Dauphine parce que, avec elle et pour la dernière fois, il est gouverné de façon autonome. Elle avait le sens de l’état et de son indépendance. 

      Inhumée au côté de son époux, Louis II de Bourbon

      Anne Dauphine est morte à l’âge de 59 ans, à Cleppé (Loire) le 21 septembre 1417, entourée de sa fille Isabelle. Elle fut inhumée dans la chapelle de l’abbatiale de Souvigny (Allier), près de Moulins où reposait Louis II de Bourbon, son époux.

      Un tombeau fut édifié avec, côte à côte, les gisants  de Louis II de Bourbon et de sa femme Anne d’Auvergne, chacun a la tête dominée par un dais, la nuque posée sur un coussin, les mains jointes, dans l’attitude de la prière. Lui porte armures et manteaux, elle, la couronne ducale. 

      • Le Vicomte Amable de Courtais (1790-1877)

        Personnalité de la Deuxième République, le vicomte Amable, Gaspard, Henri de Courtais, de vieille noblesse d’épée, est né à Montluçon le 16 janvier 1790 et il est mort à Doyet, le 12 juin 1877, au château de la Chassignole, situé sur la commune de Doyet (03).

        Il appartenait à une famille bourbonnaise ancienne, installée à Doyet depuis le XVIe siècle. Son aïeul Gilbert de Courtais par alliance avec Isabeau de La Souche avait hérité du fief et du château de la Souche. La famille possédait aussi à Doyet le château de la Chassignole. 

        Une carrière militaire

        Il entre à l’École militaire de Fontainebleau le 26 avril 1807 et est nommé sous-lieutenant au 7e régiment de Dragons le 24 juillet 1809. 

        Il prit part aux campagnes napoléoniennes d’Italie, d’Espagne, d’Allemagne, de Russie et fut fait prisonnier à la Bérézina après qu’il eut reçu un coup de baïonnette et fut tombé dans le fleuve glacé.

        Le 5 septembre 1813, Napoléon lui remit sa propre Légion d’honneur pour avoir enlevé de ses mains le drapeau autrichien à Dresde. Plus tard, le 7 août 1816, il sera décoré de l’ordre de Saint-Louis.

        Le 1er septembre 1814, il obtient sa mise en non activité et revint s’installer à Doyet au château de la Chassignole. Après le retour de Napoléon, il reprit du service et participa à Waterloo qui l’affecta beaucoup. Il fut nommé capitaine adjudant-major des hussards de la Garde royale le 10 octobre 1815, chef d’escadron de cavalerie le 6 avril 1817 et il prit sa retraite le 2 juin 1827.

        Son sabre est exposé dans le musée des Amis de Montluçon au château de Bien-Assis.

        Surnommé le général du peuple

        En 1830, il devint maire de Doyet et conseiller d’arrondissement et dans la vie politique, il afficha des idées avancées. 

        Député sous la Monarchie de Juillet (élu en 1842 et 1846), il siège parmi les républicains radicaux. Il est nommé général, commandant de la Garde nationale après la révolution de février 1848. Il est élu député à l’Assemblée nationale constituante en avril 1848. Son refus d’intervenir contre les manifestants parisiens du 15 mai 1848 lui vaut d’être mis en accusation, démis de ses fonctions (le 26 mai), arrêté, et traduit devant la Haute Cour de Bourges pendant l’hiver 1849. Il est finalement acquitté et reprend son siège à l’Assemblée. En 1871, il est élu conseiller général de l’Allier et devient président du conseil général. Il meurt à la Chassignole, à Doyet, le 12 juin 1877.

        • Louis Coulon (1826 - 1916)

          Louis Coulon, surnommé le « Père Coulon », né à Vandenesse, dans la Nièvre (58), le 10 mars 1826. Il décédera à Montluçon le 31 octobre 1916. 

          L’homme à la plus longue barbe du monde

          Ouvrier mouleur aux usines Saint Jacques de Montluçon, il fût l’un des hommes le plus photographié de France, grâce à sa barbe de 3,35 mètres. Des dizaines d’éditions différentes de cartes postales le représentant ont été publiées à la fin du 19e et au début du 20e siècles.

          Son histoire pilaire remonte à ses douze ans, époque où il se rasait déjà et usait très vite la lame de son rasoir. À quatorze ans, il arborait une barbe de 30 centimètres. Six ans après, sa barbe atteint un mètre. En 1878, il se déplace à Paris pour faire constater officiellement son record. Il devance un Anglais de 30 ans.

          Le Journal des débats politiques et littéraires, dans son édition du 5 novembre 1916, rappelle que sa barbe a été admirée par deux empereurs, vers 1864 par Napoléon III à Montluçon (03) et en 1891 à Vichy par Pierre II, empereur du Brésil. 

          Le Voleur illustré du 28 février 1889 (Louis Coulon a 63 ans) fait son portrait. Sa barbe alors de 2m 32 lui vaut les propositions de cirques qui veulent l’enrôler et 10 000 francs d’un certain Lord William pour effectuer un voyage de démonstration. Il refuse car cet excellent ouvrier, bien que très fier de sa barbe, ne souhaite pas devenir un monstre de foire. Parmi ses refus, notons celui de participer à l’Exposition universelle de Paris de 1889, celle qui vit l’ouverture au public de la Tour Eiffel. 

          Ce petit homme de 1m 59 pouvait rejeter deux fois sa barbe sur son bras comme un sénateur romain le ferait avec sa toge. Pour travailler, il portait sa barbe enroulée autour du torse. Lorsqu’il est en tenue de ville, il l’enroule autour de son cou. Il apprécie d’y loger confortablement son chat. Pour l’entretenir, il la lave dans les eaux du Cher qui coule à Montluçon. L’été, il allait la montrer aux curistes de Néris-les-Bains. Le 24 février 1899, Il eut l’honneur de faire la une du Journal illustré.

          Le doyen des métallurgistes

          C’est que le Père Coulon n’était pas célèbre par sa barbe mais également grâce à son activité de militant syndical. Ouvrier montluçonnais figure du syndicalisme français, il est connu comme étant « le doyen des métallurgistes » pour avoir travaillé 67 années aux usines Saint-Jacques de Montluçon en tant que fondeur. Cette usine fut l’un des établissements les plus importants de France pour la construction des tourelles blindées, des cuirasses de navires et des canons.

          Le Père Coulon décédera à Montluçon, le 31 octobre 1916, à l’âge de 90 ans.

          • Hubertine Auclert (1848 - 1914)

            Journaliste et militante féministe française, Hubertine Auclert est née à Saint-Priest-en-Murat (Allier) le 10 avril 1848 dans une famille aisée et républicaine. Elle fait ses études à Montluçon. Après la mort de son père, sa mère la destine à devenir nonne et la met au couvent qu’elle quitte définitivement en 1869 pour aller à Paris.

            Fervente républicaine, elle est remarquée par Victor Hugo qui la fait entrer au journal l’Avenir des femmes. Influencée par Maria Deraismes (1828-1894) et par Léon Richer (1824-1911) qui en sont les directeurs, Hubertine Auclert s’engage dans le mouvement pour défendre, de manière plus radicale, le droit des femmes et en particulier le droit de vote. Dans ce but, elle fonde en 1876, la société Le droit des femmes qui devient en 1883 Le suffrage des femmes.

            Déçue que le Congrès international sur les droits des femmes de 1878 à Paris ne soutienne pas le suffrage des femmes, Hubertine Auclert choisit de défendre l’idée qu’en l’absence de représentation légale, les femmes ne devraient pas être imposables. Elle lance en 1881 un journal « La Citoyenne » pour défendre la libération de la femme, en recevant le soutien de figures du mouvement féministe comme l’écrivain et journaliste libertaire Séverine (1855-1929) ou la jeune diariste peintre et sculpteur Marie Bashkirtseff (1858-1884). Alors que ses contemporaines préfèrent une stratégie des petits pas où elles revendiquent d’abord l’égalité des droits civils, elle choisit de militer en faveur des droits politiques des femmes.

            Hubertine Auclert dénonce en 1884 la loi sur le mariage qu’elle juge très défavorable aux femmes et propose la mise en place d’un contrat de mariage avec séparation de biens. En 1888, elle suit en Algérie son époux, l’avocat Antonin Lévrier, qui avait été l’un de ses conseillers juridiques. Elle y demeure quatre ans avant de rentrer à Paris. De ce séjour en Algérie, elle publie en 1900 Les Femmes arabes, un ouvrage qui dénonce le double carcan que subissent ces femmes, celui de la tradition ancestrale et celui du colonialisme.

            Des raisons financières l’ayant amenée à arrêter la publication de la Citoyenne, Hubertine Auclert poursuit néanmoins son activisme de militante féministe. Elle fait partie, en 1900, des fondatrices du Conseil national des Françaises, une organisation ayant pour but de fédérer les groupes féministes en France. En 1908, les Françaises mariées obtiennent le contrôle de leurs propres salaires, mais cela n’est pas suffisant pour Hubertine Auclert qui recherche l’égalité complète. Elle mène des actions spectaculaires, comme créer du chahut lors des cérémonies de mariage (au moment de la lecture de l’article affirmant que la femme doit « soumission et obéissance »), briser une urne aux élections municipales de Paris ou présenter sa candidature aux élections législatives pour défier les autorités.

            Surnommée « la suffragette française », Hubertine Auclert poursuit son militantisme féministe jusqu’à sa mort le 8 avril 1914 à Paris (11e). Elle est enterrée au cimetière du Père-Lachaise à Paris. 

            • André Messager (1853 - 1929)

              André Charles Prosper Messager naquit à Montluçon le 30 décembre 1853 au sein d’une famille bourgeoise, installée dans le vieux Montluçon, au cœur de l’ancienne cité médiévale. André Messager mourut à Paris (17e) le 24 février 1929.

              Premier pas musicaux

              Son père comme sa mère sont des Parisiens issus de milieux aisés. Ce sont les fonctions de percepteur du père d’André, Paul, qui amène la famille Messager à s’installer en 1850 à Montluçon. Enfant, il reçoit pour des étrennes un petit castelet théâtre, au fronton duquel est inscrit Opéra ; André Messager dit  »Du plus que je me souvienne, je me vois juché sur un tabouret de piano, ou, plus jeune encore, en extase devant ma petite scène d’opéra ». Cet objet est conservé au sein des collections de la Ville de Montluçon.

              Le jeune Messager fut, dès l’âge de 6 ans, placé comme pensionnaire à l’institution Saint-Joseph de Montluçon tenue par les frères Maristes. C’est dans ce cadre austère qu’André Messager fit ses premiers pas musicaux, en pratiquant le piano. Il eut deux professeurs dont Albert Albrecht, authentique professeur de musique de l’École Niedermeyer qui joua un rôle majeur dans la formation musicale du jeune André et qui, par son enseignement, le dota de véritables et solides connaissances. Enfin, c’est naturellement Albrecht qui se trouva à l’origine de l’orientation d’André Messager vers l’école Niedermeyer lors de son départ contraint de Montluçon. Albrecht eut un 

              « rôle décisif » dans la formation, l’orientation et le destin musical de Messager, qui lui en fut infiniment reconnaissant. A l’école Niedemeyer, il se lie d’amitié notamment avec les compositeurs Camille Saint-Saëns et Gabriel Fauré.

              Ayant achevé ses études, il succède à Fauré au petit orgue de chœur de l’église Saint-Sulpice en 1874. Il remporte des prix de composition en 1875 et 1876 et devient chef d’orchestre aux Folies-Bergères. Il compose des ballets pour cette scène parisienne (Fleur d’oranger, Les Vins de France, Mignons et vilains). Après un intermède à Bruxelles, il revient à Paris comme organiste à l’église Saint-Paul-Saint-Louis puis comme maître de chapelle à Sainte-Marie des Batignolles. 

              Figure centrale de la vie musicale à la fin du XIXe et au début du XXe siècle

              Chef d’orchestre internationalement réputé, directeur d’opéras (Opéra de Paris, Covent Garden à Londres, Opéra comique), ami des grands compositeurs (Saint-Saëns, Fauré, Debussy, Puccini), il avait toutes les qualités requises pour devenir un classique. Mais une « curieuse audace » (comme disait Fauré) l’a poussé à consacrer son activité de compositeur aux spectacles populaires : opérettes ou comédies musicales dont il a donné les modèles parfaits, par le raffinement de la musique et le charme des mélodies. Inspirés par les textes de Pierre Loti, Albert Willemetz ou Sacha Guitry, quelques uns de ces joyaux du théâtre musical sont restés au répertoire : Véronique et son escarpolette (1898), Monsieur Beaucaire (1919), l’Amour Masqué et sa chanson J’ai deux amants (1924), Passionnément (1927) ou Coups de Roulis (1928).

              Singulier personnage qui ressemblait à un officier de cavalerie, Messager a toujours montré sa curiosité pour les artistes novateurs qu’il a généreusement défendus, des opéras de Wagner aux ballets de Poulenc. Ce mélange de culture classique, d’esprit moderne, et de goût pour la musique “légère” semble préfigurer – un demi-siècle plus tôt – le talent d’un Léonard Bernstein qui dirigera l’Orchestre Philharmonique de New York, tout en composant West Side Story et d’autres comédies musicales à succès. 

              Nommé chevalier (1891), officier (1907), puis commandeur (1927) de la Légion d’honneur, il fait son entrée à l’Académie des Beaux-Arts en 1926.

              Le mondain

              Comme on a pu le voir lors de ses passages sur la côte normande, Messager est mondain : il aime les fêtes, les lumières, les gens… Il séjourne souvent sur la côte atlantique et la côte d’azur, entouré d’amis célèbres tels que les « Sacha » comme il aimait à nommer le couple Sacha Guitry – Yvonne Printemps. 

              Premier festival Messager

              En 1927, un premier festival Messager fut organisé au théâtre municipal de Montluçon par l’association Les Amis de Montluçon faisant suite à l’élection d’André Messager à l’Académie Française. Messager, attendu, ne put s’y rendre, mais fut semble-t-il touché par cette marque de sympathie.

              Lors de son décès en 1929, la presse locale rendit unanimement hommage à cet illustre Montluçonnais. En 1953 se tient un second festival Messager, commémorant le 100e anniversaire de sa naissance.

              Montluçon a de nouveau décidé de « fêter Messager » en 2003 avec un spectacle de la Péniche Opéra de Paris « Un Messager a fait le printemps » et l’inauguration de l’exposition « Le Messager de l’opérette » proposée par le Musée des musiques populaires de Montluçon.

              Le conservatoire de Montluçon à rayonnement départemental, musique et art dramatique, de l’agglomération montluçonnaise porte son nom.

              • Paul Constans (1857 - 1931)

                Homme politique français, Paul André Ferdinand Constans est né le 8 septembre 1857 à Néfiach (Pyrénées-Orientales) d’un père tisserand et d’une mère sage-femme. Il est mort le 4 octobre 1931 à Montluçon.

                Le jeune Paul Constans commence sa scolarité à l’École primaire supérieure de Perpignan et y prépare par la suite le concours des Arts et Métiers. Faute de moyens suffisants, il est obligé d’interrompre ses études et devient alors employé de commerce à Perpignan. Il monte à Paris en 1875 et y poursuit sa carrière d’employé de commerce dans divers magasins. Il contribue à fonder le syndicat des employés de commerce de Paris. Il change plusieurs fois de poste et finit par diriger une boutique de tissus à Montluçon.

                Homme politique

                Il se lie d’amitié avec Jean Dormoy, dont il devient l’adjoint à la mairie de Montluçon en 1896. Il le remplace en 1899 comme maire et comme conseiller général de Montluçon-ouest. Il laisse la place de maire à Marx Dormoy, le fils de Jean, en 1926, et garde son mandat de conseiller général jusqu’à son décès. Il présidait l’Assemblée départementale depuis 1928.

                Après un premier échec en 1898, il est élu député en 1902. Il est réélu en 1906 au premier tour, mais battu en 1910. Il retrouve son siège en 1914 dès le premier tour de scrutin, mais est à nouveau battu en 1919, au scrutin de liste. Il redevient député de 1924 à 1931, par contre, il essuiera plusieurs échecs aux élections sénatoriales.

                A la chambre des députés, il appartint à la Commission du travail, à celle de l’hygiène publique, à celle d’assurance et de prévoyance sociales, à celle du règlement, à celle des travaux publics, des chemins de fer et des voies de communication, et il prit l’initiative de la nomination d’une Commission d’études pour la reconstruction de la salle des séances de la Chambre. 

                Dès son arrivée, il conquit, parmi les socialistes une place de choix en raison de sa sincérité, de sa puissance de travail et de sa probité. On lui doit une foule de propositions de loi ou de résolution concernant : le secret et la liberté du vote, l’amnistie (dont il rédigea le rapport), le contrat d’association, l’exploitation des mines par les travailleurs qui y sont employés, la suppression des droits de douane sur les blés et farines, les casernes contaminées par les épidémies, les accidents du travail, la révision du revenu de la propriété non bâtie, le droit de grève, la répression des fraudes en matière électorale, l’avancement des instituteurs et des institutrices, la création d’un Ministère de la Santé publique, etc. Il fut chargé de rapporter les propositions de loi sur l’organisation départementale et cantonale et la suppression de la tutelle administrative sur les sociétés des auteurs et compositeurs de musique. Il n’est guère de débat auquel il ne prit part. 

                Rallié dès le début de la guerre de 1914-1918, à l’Union sacrée, Paul Constans demeura inébranlablement fidèle, jusqu’à la fin des hostilités, à cette formule, sans d’ailleurs l’empêcher de défendre vigoureusement, dans d’autres domaines, le point de vue de son parti.

                Le 27 septembre 1931, les socialistes bourbonnais célébraient en une grande manifestation, présidée par Léon Blum, et en présence de Paul Faure, Renaudel, Bracke, et bien d’autres, le jubilé politique de Paul Constans. Mais celui qui faisait l’objet de cet hommage populaire en était absent, condamné à ne pouvoir que recueillir dans sa chambre de malade, les échos de la cérémonie, que lui apportaient les microphones. Il devait s’éteindre une semaine après, le 4 octobre 1931, dans sa ville de Montluçon, entouré des regrets de ses amis et de l’estime de ses adversaires. Il avait 74 ans.

                Son destin politique eut cette étrangeté que malgré sa popularité, malgré ses succès répétés aux élections législatives, Paul Constans ne put jamais accéder au Sénat.

                Ses réalisations à Montluçon

                Son activité locale s’est traduite par un ensemble de réalisations : hôtel de ville, théâtre, école primaire supérieure, abattoir, bains-douches, préventorium, crèche, orphelinat, hôtel de postes, groupes scolaires, maison de l’enfance, caserne, sans oublier pour la petite histoire l’escalier du Vieux-Château de la place François-Maugenest, grâce auxquelles Montluçon a pris le visage d’une ville moderne.

                Il sera également un protagoniste majeur d’une institution sociale emblématique : la création de l’office public d’habitation bon marché par décret du 12 janvier 1921 suite à l’approbation du conseil des délibérations du 11 juin 1920.

                En hommage, la ville a donné son nom à un lycée technique d’État et à une rue.

                • François Joseph Troubat - Le Houx (1874 - 1968)

                  François Joseph Troubat est un industriel français, né à Montluçon le 6 avril 1874 où il décéda le 28 mars 1968.

                  Il était l’un des deux fils de Pierre Troubat le fondateur de l’usine des Cires françaises.

                  Il est connu d’une part pour ses nombreuses publications pacifistes, sous le nom de Troubat Le Houx, d’autre part pour la villa et le jardin de La Louvière, qu’il a fait réaliser à Montluçon et qui seront légués à la ville en 1976. 

                  Il jouit ainsi d’une grande fortune, à laquelle s’ajoutait celle de sa femme, Germaine Le Houx, fille d’un agent de change parisien, qu’il avait épousée le 27 octobre 1903 à Paris. Il tient à accoler à son nom celui de jeune fille de sa femme à qui il devait une partie de sa fortune.

                  Il mit cette fortune au service de sa passion pour l’art et de son combat pacifiste. 

                  En 1926, sur les plans de l’architecte Sapin des Raynaud, il fit construire sa villa de La Louvière en un lieu ainsi dénommé (anciennes parcelles de vigne « sous le loup », cadastre ancien 1811). En 1954, il fit ajouter deux ailes en hémicycle et la galerie de l’Oranger(a)ie. La construction de la demeure est librement inspirée du Petit Trianon de Versailles.

                  A sa mort, il la légua à la ville avec toutes les œuvres d’art qu’elle contenait et qu’il avait passé sa vie à collecter, sous réserve que la ville ouvre ce lieu à la visite aux publics, notamment montluçonnais. L’intérieur contient des meubles, peintures, tapisseries et objets d’art décoratif du XVIIe, XVIIIe et XIXe siècles et le jardin est agrémenté de sculptures.

                  François Joseph Troubat a dessiné lui-même le jardin, mélange de jardin à la française et de jardin à l’anglaise. Le jardin de La Louvière est ouvert au public depuis 1978 et l’Orangerie, aménagée en 1982 par la ville, reçoit des expositions consacrées aux arts. En fait le désir de Troubat-Le Houx de faire don de son patrimoine à la ville se trouve déjà dans la délibération du 15 mars 1944. La Villa et le jardin ont été inscrits à l’inventaire des Monuments historiques le 7 février 1994.

                  François Joseph Troubat-Le Houx fut un grand pacifique ainsi qu’en témoignent les inscriptions portées sur son tombeau situé dans le parc : « Grand prix de la paix décerné par l’Institut international de la Paix et auteur avec son épouse de vingt ouvrages sur la paix ». 

                  • Pierre Diot (1881 - 1956)

                    Pierre Diot, architecte de l’entre-deux-guerres et militant socialiste, naquit à Chazemais le 3 mars 1881 et décéda à Montluçon le 5 mai 1956.

                    Il a marqué le paysage montluçonnais de son empreinte par le nombre et l’originalité des bâtiments publics et privés qu’il a construits.

                    Jusqu’à la fin des années vingt, il construit des bâtiments d’un style original, où apparaissent des influences orientales et plus précisément indochinoises, avec des toits plats et débordants que soutiennent des potences en bois ; ces toits font penser à des pagodes. Il utilise abondamment les décors de céramique, ainsi que le bois pour les balustrades.

                    Dans les années trente, sous l’influence du style Art déco, Diot construit des édifices plus rigoureux, qui privilégient les lignes et les angles droits. À la fin de son activité, il est marqué par l’architecture du Pays basque ; les constructions de cette période, comme l’école Anatole-France (école du Diénat), présentent des toits plus pentus et des façades agrémentées de faux colombages.

                    Architecte municipal de 1920 à 1945 c’est lui qui conçut le premier bains-douche, sur la rive droite du Cher, avenue Jules Ferry (1913), l’abattoir (1913), le dispensaire (1924), le deuxième bain-douche municipal situé sur la rive gauche, en Ville-Gozet (1928), les groupes scolaires Émile-Zola (1930), Paul-Lafargue (1932) et Anatole-France (1937). L’école Paul-Lafargue pouvait s’enorgueillir d’une piscine couverte ce qui, en 1932, était une grande nouveauté.

                    Il fut conseiller général de Montluçon-ouest de 1931 à 1940. Avec Marx Dormoy, il fut à l’origine de l’école de plein air de la Bouchatte, inaugurée en 1932. Montluçon lui doit son patronage laïc dont il fut d’abord le vice-président, puis le président de 1922 à 1956. C’est lui qui instaura les fêtes du patronage qui étaient l’une des grandes fêtes montluçonnaises. La première se déroula en 1922 au parc Saint-Jean.

                    • Gabrielle Robinne (1886 - 1980)

                      Connaissez-vous Gabrielle Robinne ?

                      Gabrielle Anna Charlotte Robinne, née le 1er juillet 1886 à Montluçon, au cœur de la Ville-Gozet, fut sans doute l’une des femmes les plus adulées et les plus photographiées de son époque, pour sa beauté, son élégance, sa distinction et son esprit, en même temps qu’elle fut une comédienne renommée et l’ambassadrice du théâtre français à travers le monde. Elle osa même « se commettre au cinéma », ce qui lui valut, avant la Grande guerre, une aura internationale. 

                      Elle mourut à Saint-Cloud (92) le 18 novembre 1980 après une magnifique carrière de comédienne, dont 32 années passées à la Comédie française.

                      De Gaby la Blonde… à Madame Robinne de la Comédie Française

                      C’est sa mère, Josephine-Gabrielle Bastien qui découvre et encourage le talent de Gabrielle pour le théâtre. À Paris, où résident ses parents, elle remporte des concours de diction et elle interprète son premier rôle à l’âge de dix ans. Cinq ans plus tard, elle passera une audition auprès de Maurice de Féraudy, de la Comédie Française, qui lui prédit « un bel avenir ». Une prédiction qui devient réalité : malgré son échec au concours du Conservatoire en 1903, elle débute une carrière théâtrale qui va durer plus de soixante ans. Gaby la Blonde devient Gabrielle Robinne et Féraudy lui confie ses premiers grands rôles. C’est le photographe Léopold Reutlinger qui va populariser son image auprès du grand public : plusieurs centaines de cartes postales lui seront consacrées et on verra bientôt son visage se prêter à des publicités dans les pages de l’Illustration. Dès 1904, elle joue aux côtés de Sarah Bernhardt et elle commence ses tournées à l’étranger. De retour à Paris, elle est engagée comme pensionnaire de la Comédie Française, une Maison qu’elle ne quittera qu’en 1938, après en être devenue sociétaire en 1924. Dès lors les représentations s’enchaînent. Gabrielle épousera un jeune comédien, René Alexandre, en 1912. À moins de trente ans, elle est devenue « une personnalité du tout Paris que s’arrachent les salons et les grandes réceptions ». Son mariage mobilise une foule de photographes et les actualités cinématographiques. Entre temps, elle a commencé une carrière au cinéma en interprétant, dès 1908, le rôle de la marquise de Noirmoutier dans « L’assassinat du duc de Guise », le premier « film d’art ». Elle est la première grande comédienne à « se compromettre » avec le cinéma. Le cinéaste américain David Griffith parlera d’un « film merveilleux ». Dès lors,Gabrielle va mener une double carrière, au cinéma et au théâtre, enchaînant rôle sur rôle. Gabrielle Robinne ne délaissera les plateaux de cinéma qu’en 1946, avec plus d’une quarantaine de films muets ou sonores à son palmarès.

                      Gabrielle Robinne, Montluçonnaise de cœur et fidèle à sa ville natale 

                      Devenue une vedette internationale, Gabrielle Robinne gardera des liens avec Montluçon. Lorsque sa carrière le lui permet, elle vient y retrouver ses grands-parents et sa tante Berthe Bastien, professeur de piano. Le 13 janvier 1914, elle accepte la proposition du maire, Paul Constans, qui l’avait sollicitée pour inaugurer ce que les journaux appelleront « un bijou de théâtre  de province” conçu par Gilbert Talbourdeau. Ce jour-là, elle joue, en compagnie de René Alexandre, « Le Voleur », d’Henry Bernstein. Un an plus tard, Gabrielle est de retour à Montluçon, mais dans un décor plus tragique : alors que son époux est mobilisé et que les théâtres sont mis en sommeil, pour cause de guerre, elle choisit de se dévouer à la cause des blessés. Pendant deux ans, elle sera aide-anesthésiste et infirmière auprès des soldats qui affluent à l’hôpital des Nicauds. Elle ne quittera l’établissement qu’en 1916 pour remonter sur les planches et participer au théâtre aux armées… La paix revenue, la carrière du couple se poursuit, alternant les représentations à la Comédie Française et les tournées dans et hors de l’hexagone. Elle reprend le chemin des studios de cinéma, mais sa carrière ne retrouvera pas le lustre des années 1907-1920. À plus de cinquante ans passés, Gabrielle choisit de quitter la Comédie Française en 1938. Elle reprend alors des tournées en France et à l’étranger, alternant le répertoire classique, avec des comédies plus légères et le théâtre de boulevard. Une carrière qu’elle va poursuivre durant les années sombres de l’Occupation, tandis que René Alexandre, d’ascendance israélite, se voit écarté de la profession par les lois de l’État Français. La guerre achevée, Gabrielle aura la douleur de perdre en août 1946, le seul amour de sa vie. C’est dans le travail qu’elle surmontera l’épreuve, en enchaînant encore quelques films et en reprenant les tournées théâtrales. Son attachement à Montluçon, Gabrielle Robinne va encore le montrer en 1967, lorsque Jean Nègre, maire de Montluçon, et son adjoint Paul Jourdain la sollicitent pour inaugurer le théâtre municipal rénové. Séduite par l’idée de se retrouver dans ce même lieu qu’elle avait inaugurée cinquante-trois ans plus tôt, elle accepte et c’est un public debout qui lui fait une formidable ovation, ce 17 novembre 1967. Ce sera sa dernière venue dans sa ville natale.

                      Robinne et Alexandre, un couple au service des autres

                      Une dernière facette de Gabrielle, c’est son engagement au service des autres, au-delà de son action pendant la Grande guerre. Cet altruisme, on le retrouve lorsqu’elle épaule son mari dans des œuvres destinées à venir en aide aussi bien aux veuves qu’aux artistes employés du spectacle dont la carrière a été brisée par les conflits. L’association des artistes dramatiques,dont  le couple Robinne-Alexandre est un des fondateurs, crée les premières maisons de retraite pour artistes, dont celle de Cusset. On retrouve aussi l’actrice à la tête de l’œuvre des enfants d’artistes et de l’œuvre des orphelins des arts dramatiques. 

                      1980 : Robinne rejoint Alexandre… 

                      Retirée dans son hôtel particulier de Saint-Cloud, celle qui a été faite chevalier puis officier de la Légion d’honneur, se consacre désormais à sa famille et à la rédaction de ses souvenirs “Mais si la vie est drôle”. Quelques jours avant de disparaître, un ultime hommage lui sera rendu à la Cinémathèque Française. Devant tout le gratin du Septième Art venu assister à la projection de la copie rénovée de « L’assassinat du duc de Guise », l’unique survivante du générique est ovationnée. Le rideau peut désormais tomber et un mois plus tard, le 18 novembre 1980, elle s’éteint au milieu des siens. En évoquant sa disparition, Le Monde n’hésitera pas à écrire : « Avec Gabrielle Robinne disparaît la dernière grande comédienne de la maison de Molière ». Quant à l’hommage montluçonnais, il viendra plus tard : une modeste allée dans le quartier de Rimard en 2001 et en 2006, un théâtre municipal entièrement rénové, dédié à cette grande dame qu’aura été « La Robinne ».

                      Jean-Paul Perrin

                      Association “Les Amis de Montluçon

                      • Marx Dormoy (1888 - 1941)

                         

                        Marx DORMOY

                        1888 – 1941

                        René, Marx Dormoy, homme politique français, est né le 1er août 1888 à Montluçon et il est mort assassiné dans la nuit du 25 au 26 juillet 1941 à Montélimar. Il fut Maire, Député de l’Allier, Sénateur, Sous-secrétaire d’État à la Présidence du Conseil du 4 juin 1936 au 24 novembre 1936, Ministre de l’Intérieur du 24 novembre 1936 au 10 avril 1938.

                        René Marx Dormoy est le cadet des enfants de Jean Dormoy alors cordonnier, en outre militant socialiste qui sera maire de Montluçon de 1892 à 1898, et Marie Joséphine Gavignon. Il sera prénommé Marx en hommage à Karl Marx, l’homme qui symbolisait l’idéal de son père. Lui et sa sœur aînée Jeanne connaissent une enfance défavorisée. René Marx a seulement onze ans lorsque son père meurt.

                        Le 23 juin 1899, à 11 ans, il sera reçu au certificat d’études, et débutera ensuite comme apprenti ajusteur à l’usine des machines à coudre Hurtu où très jeune, il commencera à militer. Un temps, il sera même secrétaire du syndicat des métallurgistes. Il se fera renvoyer de l’usine comme son père l’avait été de Saint-Jacques et pour le même motif.

                        Comme son père, qui fut conseiller municipal puis maire de Montluçon, Marx Dormoy milite de bonne heure pour la cause socialiste : d’abord dans les rangs des jeunesses socialistes, ensuite au sein de la Fédération socialiste de l’Allier dont il devient le secrétaire en 1924 – un secrétaire actif qui fit de celle-ci une des fédérations les plus influentes du parti au moment de la scission des partis ouvriers.

                        Employé à la mairie de Montluçon, puis représentant de commerce, il est publiciste quand survient la guerre et il part comme sapeur-mineur au 4e régiment du Génie. Il participe aux combats de Lorraine, aux batailles de la Marne et de Verdun (notamment Avocourt).

                        Une vie politique intense

                        Revenu à la vie civile, après un échec aux élections générales législatives du 16 novembre 1919, il devient conseiller d’arrondissement de Montluçon. Un nouvel échec lors du renouvellement législatif du 11 mai 1924 ne le décourage pas, et il fait ses débuts dans la vie publique en entrant, en 1925, au conseil municipal de sa ville. Il sera nommé maire le 9 mai 1926.

                        La ville de Montluçon lui doit de nombreuses réalisations dans le domaine de l’urbanisme (adductions d’eau, voirie, égouts), de l’enseignement (trois groupes scolaires, une bibliothèque, une école de musique), de l’hygiène sociale (nouvel hôpital, installations sportives), etc.

                        Le 26 juillet 1925, il est élu conseiller général du canton de Montluçon-est, puis réélu en 1931, il sera rapporteur du budget départemental et succédera à Paul Constans à la présidence du Conseil général le 28 octobre de la même année.

                        Une élection législative partielle, provoquée par le décès de Paul Constans, lui permet d’entrer à la Chambre des Députés, élu de la deuxième circonscription de Montluçon le 22 novembre 1931, au premier tour de scrutin. Il est réélu lors du renouvellement général de 1932, au premier tour, le 1er mai 1932, et du renouvellement général de 1936, au premier tour, le 16 avril.

                        Inscrit au groupe socialiste S.F.I.O., il fait successivement partie de la Commission des comptes définitifs et des économies, ainsi que de la Commission des travaux publics et moyens de communications (1932) ; de la Commission de l’armée (1934) et de la Commission spéciale d’enquête sur l’affaire Stavisky (1934).

                        Il intervient dès 1932, lors d’un débat sur les baux à ferme et la même année, lors de la discussion du budget, sur le chômage ; en 1933, il prend part à la discussion du budget de l’année en cours à propos de la situation des agriculteurs, de l’enseignement technique, du chômage encore ; il intervient dans un débat sur l’organisation et la défense du marché du blé ; en 1934, il demande à interpeller le Gouvernement « sur les mesures qu’il compte prendre pour faire respecter la loi du 10 juillet 1933 et assurer le ravitaillement en farine des populations de l’Allier à la suite de la décision de 92 minotiers du département qui veulent fermer leurs moulins à partir du 23 juin » ; le débat budgétaire de 1935 le voit intervenir sur l’enseignement technique et la nationalisation d’écoles pratiques et on l’entend le 15 mars 1935 dans la discussion d’une interpellation sur la politique militaire du Gouvernement. Sa dernière intervention comme député a lieu le 5 mars 1936 lorsqu’il pose, au nom de ses collègues socialistes, la question préalable à la discussion de plusieurs propositions relatives à la réforme électorale.

                        C’est alors qu’il est appelé par Léon Blum, chargé, au lendemain des élections générales dites « de front populaire » de 1936, de former le Cabinet, à le seconder comme Sous-secrétaire d’État à la présidence du Conseil, le 4 juin 1936. Nommé Ministre de l’Intérieur le 25 novembre de la même année, après la mort de Roger Salengro, il conservera cette fonction jusqu’au 21 juin 1937 (premier Cabinet Blum), puis du 22 juin 1937 au 14 janvier 1938 (troisième Cabinet Chautemps), enfin du 13 mars au 8 avril de la même année (second Cabinet Blum renversé par le Sénat).

                        Son passage au Gouvernement est surtout marqué par la découverte du complot dit « de la Cagoule », monté contre le régime républicain, complot dont la répression fut par la suite abandonnée, et par quelques interventions au Parlement, notamment à la Chambre des Députés : lors de la discussion des crédits budgétaires relevant de son département ministériel, en réponse à un discours de M. Louis Marin sur les « fonds secrets » (4 décembre 1937), en réponse à M. Frédéric-Dupont, rapporteur sur la défense passive (même jour), etc… ; au Sénat : dans la discussion d’un projet de loi relatif aux conflits collectifs du travail (décembre 1936), dans le débat ouvert sur la proposition de loi concernant les halles centrales (décembre 1937), lors de l’examen des crédits de son ministère (décembre 1937), dans la discussion du projet de loi portant ouverture d’un crédit aux victimes de calamités publiques (même année).

                        La défaite et l’armistice étant survenus, il prend part à la séance de l’Assemblée Nationale réunie à Vichy le 10 juillet 1940 et vote contre la délégation de pouvoirs constituants au Gouvernement du maréchal Pétain.

                        Son activité de militant – il était redevenu en 1939 secrétaire de la Fédération socialiste de l’Allier – sa fidélité à Léon Blum et son hostilité au nouveau régime lui valent les rigueurs administratives : suspendu, avec tout le Conseil municipal de Montluçon, par décret du 20 septembre 1940, il est interné à Pellevoisin (Indre) le 26 septembre, puis transféré et incarcéré le 31 décembre à Vals-les-Bains. Placé, après six mois de captivité, en résidence surveillée à Montélimar, il est victime, le 26 juillet 1941, d’un attentat mortel : une bombe à retardement cachée sous son lit explose pendant son sommeil, le tuant sur le coup. Les obsèques auront lieu dans la plus stricte intimité familiale, le 29 juillet, à Montluçon. Ce crime, d’inspiration politique, souleva la réprobation générale.

                        Le 9 décembre 1945 eurent lieu à Montluçon les funérailles officielles, et le 28 juillet 1948 fut inauguré un monument à la mémoire du défunt, « Le gisant », que le Gouvernement citait à l’ordre de la Nation, en lui conférant la Légion d’honneur à titre posthume.

                        • Robert Parant ( 1905 - 1976)

                          Photographe, Robert Edmond Parant est né le 30 janvier 1905 à Chamblet (03) et décédera le 6 février 1976 à Montluçon.

                          Photographe par hasard mais témoin privilégié

                          Rien ne prédestinait Robert Parant à devenir photographe professionnel. Il était diplômé de l’école de travaux publics Eyrolles à Paris et a travaillé pour la société Texaco jusqu’à sa mobilisation pour la guerre, en 1939.

                          C’est en 1944 et sur les conseils de son ami le journaliste sportif André Bihal que Robert Parant s’oriente vers la photographie. Il devient officiellement reporter photographe en 1946 (carte de presse n° 11037). 

                          Installé à Montluçon, il collabore à de nombreux journaux : Miroir Spint, l’Équipe, Radar, La Vie du Rail et fournit également l’agence Keystone et l’AFP. Mais Robert Parant est surtout photographe de Centre Matin puis La Montagne et enfin le photographe attitré de la ville de Montluçon. Il illustre ainsi le bulletin municipal dès sa création en 1960. 

                          Parallèlement à la photographie de presse, Robert Parant a également pratiqué la photographie industrielle et technique et la photographie aérienne pour laquelle il obtient la licence délivrée par le Ministère de l’Intérieur en décembre 1953.

                          Robert Parant a toujours pris des images à des fins informatives. Il cessera son activité en 1972.

                          Fonds Parant

                          Depuis 2003, la ville de Montluçon possède plus de 40.000 clichés pris par le photographe professionnel Robert Parant. Les services patrimoniaux de la municipalité inventorient ce fonds exceptionnel, composé de 15.000 plaques de verre et 25.000 pellicules souples qui racontent l’histoire de Montluçon sur plus de deux décennies, de 1950 à 1972. Événements historiques ou sportifs, constructions ou rénovations urbaines, vie quotidienne, Robert Parant photographie tout ce qui se passe à Montluçon. 

                          • Roger Walkowiak ( 1927 - 2017)

                            Roger Walkowiak, né le 2 mars 1927 à Montluçon et mort le 7 février 2017 à Vichy, est un coureur cycliste français, d’origine polonaise par ses parents. Roger Walkowiak fut professionnel de 1950 à 1960 après avoir été tourneur en usine. 

                            Une victoire surprise

                            En 1956, le 27 juillet, il remporte le Tour de France à la surprise d’une partie des observateurs. Il avait pris le maillot jaune à l’arrivée de Montluçon. Il avait bouclé les 4 528 kilomètres de ce tour en 114h1’15 », soit à la plus forte moyenne enregistrée à l’époque : 36,512 km/h. 

                            Cette victoire est à l’origine de l’expression « Tour à la Walkowiak » pour désigner une victoire née de circonstances de course inattendues. Toutefois, cette façon d’envisager sa victoire dans le Tour 1956 n’est pas partagée par une partie des spécialistes de la course cycliste, qui considère au contraire que Walkowiak est « allé chercher » sa victoire et à ce titre, la mérite pleinement. Sa carrière professionnelle compte également deux victoires d’étapes sur le Tour d’Espagne, une place de second à Paris-Côte-d’Azur en 1953 et une autre seconde place obtenue lors du Critérium du Dauphiné libéré en 1955.

                            « La Roger-Walkowiak »

                            Après sa retraite, Roger Walkowiak part vivre à Vichy. 

                            Chaque année, une cyclo-sportive  » La Roger Walkowiak  » est organisée à Cusset, elle réunit plusieurs centaines de coureurs.

                            Roger Walkowiak a été professionnel chez :

                            • Gitane (1951, 1952, 1955)
                            • Peugeot (1953, 1954, de 1957 à 1959)
                            • Saint-Raphaël (1956 et 1960)